Spectacle corporel mis en lumière par le son
« De ce ‘rêve d’un homme ridicule’, je me souviens de la simplicité d’entrée de jeu : un plateau vide et une comédienne. Rien d’autre. A côté de cette simplicité apparente, le spectacle se développe grâce à un remarquable travail d’éclairages, qui modifie à chaque moment le regard, et surtout, surtout, par le biais d’un travail tout à fait singulier et surprenant sur le son. Ce texte a été travaillé comme s’il s’agissait d’une partition musicale, d’un opéra de chambre pour voix seule, une voix ici sans cesse modulée et transformée en direct. Le résultat est étonnant ; toutes les conditions sont réunies pour nous mettre dans un tel état d’écoute qui fait que cette histoire nous parvient comme si on était le spectateur unique de cette représentation. (…) elle nous emmène là où on ne s’attendait pas aller. Le plateau devient vite notre espace intime et aux mots de Dostoïevski chuchotés à notre oreille se mêlent vite nos propres voix –anges ou démons- intérieures. Il s’agit donc bien de notre histoire et c’est en quoi ce spectacle est résolument contemporain.
Christian Machiels, ancien directeur du Théâtre de la Balsamine & directeur du Centre Scénique Pierre de Lune à Bruxelles
« La mise en scène de Heidi Ostrowski tisse une ambiance obscure et onirique propice à cette pièce métaphysique, rêve illuminé d’un doux dingue. Elle donne une résonance déroutante, presque futuriste, à ce rêve délirant. Le visage blafard peint en geisha et le corps épaulé d’une cape d’ange noir, Naïma Ostrowski se débat sur un plateau nu, avec une chaise pour seul accessoire, littéralement possédée par les élans de son personnage, de l’anxiété à la démence et à la rédemption. Mais c’est surtout le travail sur le son qui fait palpiter ce cauchemar bavard. Modulant la voix de la comédienne en direct, par le biais d’un micro, Ludovic Romain lui donne un écho tantôt glacial tandis que les mots se perdent dans le vide, prêchant à des sourds, tantôt rebondissant quand l’homme se débat avec son ombre, tantôt ouaté quand le bonheur d’un monde épanoui se chuchote. Hypnotisante, la création sonore dit aussi bien que les mots l’esseulement d’un homme qui a tourné le dos à la fatalité. »
Catherine Makereel, Journal Le Soir, 12.02.2010
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